Graffiti à canal ouvert
06-08-2011
Ciel menaçant à Bondy ce samedi 6 août. Pas le temps idéal pour graffer ! Les trois artistes, Art of Popof, Da Cruz et Marko 93, sont bien présents cet après-midi. Au travail...
Les voilà devant des planches en bois reliées qui font office de support. Environ deux mètres sur six. Leur performance se fait dans le cadre de L’été du canal de l’Ourcq. Chaque jour, des activités (escalade, foot) sont proposées aux enfants dans différents villes où passe le canal. Notamment en Seine-Saint-Denis. Et chaque week-end, depuis début juillet, les trois acolytes réalisent une œuvre. C’est la troisième fois qu’ils se retrouvent à Noisy-le-Sec. Même support : celui sur lequel ils ont graffé leurs précédentes réalisations. Sous la nouvelle peinture orange, on distingue encore certains traits de la dernière création. « C’est l’essence même de notre art. C’est éphémère », explique Da Cruz.
Les trois compères n’ont pas le même style. Au début de chaque œuvre, l’un d'eux donne l’idée directrice. Il choisit le thème et la couleur. Ce jour-là , c’est Da Cruz. « Mais rien ne reste figé ».
Les trois graffeurs se fréquentent depuis peu de temps. Ils se sont d’abord connus à travers leurs œuvres respectives. À eux trois, ils ont parcouru le monde entier. Inde, Brésil, Japon, Cambodge, etc. Des artistes reconnus mondialement. Il y a an, ils réalisent leur première œuvre à trois mains. Da Cruz explicite leur démarche : « On met nos différents styles dans une éprouvette, on mélange et on regarde. L’idée, c’est de se surprendre ». Les trois viennent du même coin. Popof de Montreuil, Marko 93 de Saint-Denis et Da Cruz de Paris 19e. « Le graff fait partie de l’identité du département », explique Michael Duarte, qui travaille à l’office de tourisme du 93.
Trois styles. Mais aussi trois façons de travailler. Popov se met très vite dans sa bulle. Marko 93 est plus contemplatif. Allongé sur une chaise longue, il regarde les deux autres travailler et se justifie en se marrant : « Je suis rentré à 8 heures du matin ». Pour se concentrer, Da Cruz met son casque : « Quand il fait beau, il y a énormément de monde. Surtout des enfants. » Au fur et à mesure que l'oeuvre avance, les passants s’y arrêtent. Certains se demandent : « Ils ont le droit ? » Oui. Et en plus, ils sont payés.
Par aziz Oguz dans Respect Mag
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http://www.respectmag.com/2011/08/12/graffiti-canal-ouvert-5398